INTERVENTION AU CONSEIL GENERAL " Les électeurs sont les aiguilleurs souverains"

Monsieur le Président,
Chers collègues,

Notre réunion de ce jour en session extraordinaire prouve, si besoin était, l’importance de ce dossier et le souci que nous avons d’un projet qui relève de ce qui, pour nous, élus du groupe Communiste-Front de Gauche, est la première responsabilité de la puissance publique : l’aménagement du territoire.
Un territoire au demeurant européen et bien oublié par nos aménageurs quand il s’agit de financer ce qui est d’intérêt européen.
Même si certains, issus de la majorité gouvernementale ont estimé qu’il s’agissait là d’un enjeu dépassé que l’on peut indifféremment délégué aux intérêts privés.
Ce qui est en jeu pour nous, ce n’est pas tant le contournement Nîmes/Montpellier et la liaison à grande vitesse entre l’Allemagne et l’Espagne, que ce que cette réalisation permettra au niveau local et régional.
La grande vitesse rappelle la lenteur comme la grande échelle remet la petite à flot. Jamais comme au temps du TGV, des autoroutes, on a parlé des sentiers de randonnées, le local est dans le global.
Dès le début de ce dossier, Monsieur le Président, nous avons collectivement conditionné notre participation financière à un certain nombre d’exigences, tout en notant la schizophrénie d’un Etat qui souhaite interdire les financements croisés tout en faisant appel aux collectivités pour financer des projets qui relèvent de son exclusive compétence.
Quand c’est pour sa pomme, la règle du non financement croisé est oubliée.
La Région, le Département, l’Agglo de Nîmes sont donc appelés à la rescousse financière de l’Etatet de l’Europe. C’est évidemment regrettable alors que nous avons déjà tant à faire sur nos territoires.

C’est d’autant plus regrettable, et inquiétant, que pour la part de financement national, il a été décidé de faire appel à un Partenariat-Public-Privé aux contours aussi incertains qu’opaques puisqu’à l’heure où nous débattons de notre engagement, on ne sait pas de quel montant sera le loyer payé par RFF à l’heureux partenaire privé, Bouygues en l’occurrence.
Sous couvert d’un pragmatisme technique, ce recours au PPP est en fait une pratique dogmatique largement promotionnée par la majorité bientôt sortante malgré des premiers retours d’expérience particulièrement désastreux.
Aujourd’hui, 70% des PPP engagés en Europe le sont en France même si l’on constate que cette pratique ne permet de réduire ni les délais ni les coûts. Ainsi le zoo de Vincennes coûtera 306 millions d’euros de loyer pour un investissement de moins de 150 millions, le Pentagone à la française 3,5 milliards pour un investissement prévisionnel de 745 millions.
De plus en plus de voix, citoyennes, expertes, objectives s’inquiètent de ce recours aveugle aux PPP, assimilés pour les finances publiques à une « bombe à retardement » autrement inquiétante que les fameux « emprunts toxiques ».
Le recours aux shylocks, aux banksters, s’explique en grande partie par les difficultés d’accès au crédit des collectivités. Il résout un moment le problème des entreprises qui sans lui sont en panne.
Vous entendez bien, chers collègues, que nous serons extrêmement exigeants et vigilants à ce que notre financement ne s’engloutisse pas dans les profits des grands groupes qui se partagent la quasi-totalité des PPP.
Sur ce sujet, nous sommes en totale confiance au sein de la majorité départementale puisque, comme je l’ai dit, nous avons, à l’occasion de ce dossier, porté dès le départ et collectivement un haut niveau d’exigence pour le Gard.
La délibération qui nous est soumise est parfaitement claire sur le conditionnement de la participation du Conseil général.
Mais je voudrais, au nom des conseillers généraux du groupe Communiste- FFront de Gauche, insister sur quelques points à nos yeux essentiels  et inscrits dans une vision globale.
Le développement du transport collectif en général, du rail en particulier, est aujourd’hui bien plus qu’un choix politique. Dans un contexte d’explosion des coûts de l’énergie fossile, voire de fin de celle-ci, de réchauffement , aux gaz à effet de serre, c’est une obligation pour espérer un futur développement territorial.
Quel équilibre entre littoral et zones de montagne, quel avenir pour la filière bois des Cévennes  sans la ligne Nîmes/Clermont, et le tronçon Alès/Bessèges Qui ne doit être ni sclérosé ni saboté ?
Quel développement économique sans l’ouverture au transport de voyageurs de la ligne droite du Rhône ?
Quel développement touristique sans la modernisation et la maîtrise de la ligne Nîmes/Le Grau du Roi ?

A toutes ces questions, avec nos deux collègues élus et anciens cheminots, avec les syndicats de cheminots et les associations d’usagers, nous avons essayé de répondre efficacement, collectivement. Le contournement de ces institutions dont rêvait M. Sarkozy à Villepinte ne serait que perte d’efficacité, de pertinence et de démocratie.
C’est au contraire sur la base de cette parole et de ce travail citoyen que nous avons envisagé notre engagement dans ce projet. La réalisation du contournement Nimes Montpellier est un enjeu décisif pour le Gard et positif.
La participation de notre collectivité au « tour de table » financier nous a permis et nous permet de faire valoir nos priorités :
Le maintien de la ligne Alès/Bessèges qui passe par un engagement de travaux immédiats. Une participation croisée Etat/Région/RFF de 3M€ peut rétablir la vitesse à 70km/h. cette ligne est le seul moyen de dégager Saint-Ambroix des embarras liés à l’absence de déviation. Notre hauteur de vue ne doit pas s’aveugler sur des micro-milieux où pousse malgré tout la plante humaine. Notre planète hyper reliée ne doit pas sonner le glas du vernaculaire et des terroirs pressurés, puis ignorés. Bessèges, Alès, La Grand’Combe, Saint-Ambroix, Barjac regorgent d’autres richesses dont l’humain n’est pas la moindre.

Toujours au titre de ces priorités, je voudrais encore citer :
L’ouverture aux voyageurs de la rive droite du Rhône qui passe par la mise en œuvre rapide d’une véritable expérimentation.
Le développement du fret et des TER qui favorisera l’intermodalité. L’avenir pour le fret entre la Belgique et l’Espagne n’est plus à une noria de camions polluants et dangereux mais au rail et au ferroutage (sans parler des relocalisations alimentaires).
Le développement de l’étoile ferroviaire de Nîmes et de la ligne du Grau du Roi qui passe par une maîtrise publique du foncier et notamment de la plate forme de Générac.

Nous sommes sans illusion sur les difficultés à mener ce projet au mieux de l’intérêt général, mais sans doute sur notre capacité collective à y parvenir. Comme nous l’avons réussi pour la réalisation du pont ferroviaire de Jean Bouin.

Quant à la question de la gare de Nîmes, agitée par nos collègues d’opposition avec comme principal objectif de faire oublier l’énorme effort financier de notre département, nous considérons qu’une gare en centre-ville est la caractéristique même de l’intérêt du rail voyageur, du développement d’une cité.
         En un siècle et demi, tout s’est structuré pour converger au cœur de ville, les nord gardois n’ont pas envie de rajouter un quart d’heure de plus à l’approche de la gare.
        La libération du fret passant aujourd’hui par le centre-ville permettra un apaisement sonore, les voyageurs trouveront le nombre de TGV ajusté aux besoins du Gard et

C’est donc avec confiance et vigilance que nous voterons ce rapport.

Commentaires

Franz a dit…
Le chemin de fer pour les voyageurs et pour le fret est une nécessité économique et environnementale .
Le ferroutage aussi , c'est élémentaire il me semble .
Votre intervention brillante et bien documentée ne peut que recueillir tous les suffrages .
Merci de nous tenir au courant de son aboutissement .