DU LOCAL AU GLOBAL ET VICE VERSA



Un petit lézard s’est introduit dans le bureau. Pour l’empêcher de s’égarer dans les buildings de livres, je place un obstacle. Effrayé, il m’abandonne sa queue et se sauve en me laissant méditatif sur ce faux serpent qui se tortille vigoureusement quand le gros du reptile a fui ! Il a tout compris : céder une part pour sauver l’essentiel !
La nature use de ruse mais l’humaine société n’est pas en reste pour la duperie. Combien de chômeurs croient encore que l’immigré lui a pris son travail et vidé les caisses de la sécurité sociale ? Combien de braves gens croient que les secours aux pauvres, le R.S.A., les bouées de survie sont causes de la baisse de leur retraite ? Au grand bal des trompés, c’est la finance qui fait la musique… La société va mal, plus qu’on ne le dit. Ce n’est pas faute d’avoir ponctionné les salariés de 195 Milliards d’€uros.
Et si l’on essayait l’inverse : de meilleurs salaires, le respect des pensions et la revalorisation des aides sociales ? Ce n’est pas les commerces d’ici qui s’en plaindraient, ni les entreprises qui auraient plus de commandes. A Barjac, 63 % des familles n’atteignent pas le plafond nécessaire pour avoir l’honneur d’être contribuables. Pendant que certains évadent leur fortune vers des paradis, d’autres vivent l’enfer des fins de mois qui sonnent creux. Il est difficile aux élus locaux de répondre à cette souffrance pudique et à ces inégalités qui font mentir la devise républicaine d’Egalité et de Fraternité.
Les grands travaux de l’école et du centre de loisirs sont achevés. Quelle belle école ! Espaces, lumière, couleurs, jardin… Tous les enfants sont regardés d’un même œil respectueux et exigeant, ventres et têtes nourris du meilleur. C’est un bon placement pour l’avenir dont les enseignants, les parents et les élus peuvent être fiers. L’Etat nous a, non sans mal, accordé une bonne subvention. Malheureusement, il supprime les postes qui servent à réparer des enfants en difficulté, les R.A.S.E.D. Une forme de non-assistance…
Un de mes bonheurs est de voir ces petits venir à la bibliothèque, au cinéma ou à la danse, allant à pied, à travers les rues. Ces « pédibus » ou « cars à pattes » sont une bonne leçon pour préparer à une société qui se donnera, s’il n’est pas trop tard, des règles vertes, économes d’énergie et soucieuses de santé par l’exercice physique. Mais il faut que le « hors école » emboîte le pas, si je puis dire !
Que penser de ces voitures entassées parfois sur les passages protégés –merci les leçons de sécurité routière- et qui pour certaines ne viennent pas de loin ? Toute action est école. Même si nous avons du mal à éduquer autrement que nous le fûmes, il nous faut engager la transition énergétique et devenir plus sobres.
Le 23 octobre, plus de 5000 personnes ont manifesté contre les projets de gaz de schistes. Sans précédent. Notre pays connaît sa beauté et la pureté qui lui reste. Il se préserve. Il n’est valet d’aucune « règle d’or »… fût-il noir ! Il a su le dire avec art et force, et c’est inoubliable. Affaire à suivre…
La rénovation du village tente d’aller dans le sens d’une moindre circulation automobile, et pendant qu’elle se poursuit avec la patience de tous, le chantier de la nouvelle gendarmerie est engagé. Dans ce pays, 70 % des investissements viennent des collectivités locales. Ils créent du travail, du bien-être, des richesses, de la beauté. Les banques font des difficultés pour prêter, même si elles ne courent aucun risque. Si le crédit est réduit, l’emploi va encore plus manquer. Vivement un pôle public financier au service de l’humain.
Mon «limbert», l’amoindri, est revenu cherchant un « souleou de lebre »… Il doit se refaire un leurre. En attendant, il ne peut plus tromper et vit dangereusement.
 Nous voilà dans la constellation « Cèze-Cévennes », des communes allant de Bessèges à Barjac, en passant par St Ambroix. Dans ce mariage arrangé d’autorité par le Préfet, il ne peut pas y avoir que des scènes de ménage ! Puisque « c’est pour notre bien » et pour « simplifier » la vie commune de 20 000 habitants, nous allons faire bon cœur.
                                                                                             
                                                                                     Edouard CHAULET

                                                                                              

Commentaires

Anonyme a dit…
Le bulletin municipal est de toute beauté cette année, à l'image du village rénové .
Quant à l'édito, c'est un petit chef-d’œuvre en soi, mieux que bien écrit, ciselé à la perfection .
En introduction, la parabole du lézard résume la bêtise de notre civilisation qui ne veut pas accepter de lâcher prise, de sacrifier un peu de son confort et de ses excès pour sauver le navire .
Ensuite c'est le résumé de la duperie universelle et éternelle : le monde va mal à cause des pauvres . Voir Wauquiez, maire du Puy-en-Velay et ses sordides déclarations qui font froid dans le dos . Brr, la bête est revenue .
Le maire de Barjac, lui, aspire à l'Egalité et à la Fraternité .
Il le clame tout en déplorant son impuissance d'élu face à la misère quand il fait l'impossible pour la tempérer .
A travers l'école entre autres . L'enfance étant sa quête perpétuelle et son souci de chaque jour, de chaque heure . Rendre les enfants aussi heureux que possible est son crédo .
Un cadre de vie scolaire agréable, une nourriture bio, l'accès à la culture et sa familiarité établie pour la vie, la joie de voir les petits marcher vers la bibliothèque, d'avoir la chance, pour une fois, de ne pas être véhiculés et privés de ce moment de détente et de complicité avec un camarade .
Les petits "pédibus" ou "cars à pattes" sont craquants et sont aussi mon bonheur .
Privilégiés enfants de Barjac !
Ils hésiteront à se carapater de leur village .
Et se garderont bien de nous accuser .
Si ce n'est de nous servir de nos véhicules à moteur pour aller faire pipi comme me disait l'abbé Saint-Pierre en son temps .
La gravité du projet de l'exploitation des gaz de schiste est ensuite abordée .
Ce serait dramatique pour notre paradis . Oui , affaire à suivre .
Il parle ensuite de la rénovation du village, pas toujours comprise, pas toujours acceptée au nom du dieu automobile .
Et termine par son aspiration à plus d'humanité, avec quelques mots d'occitan pour marquer son attachement au terroir .
Monsieur Chaulet, avez-vous déjà envisagé d'écrire un livre sur cette expérience de vérité, comme disait Gandhi, que vous menez à bien et de mieux en mieux au fil des ans : être maire jusqu'au bout de votre rêve ?
Fantasio a dit…
6 mois après, quasi jour pour jour, la réunion contre l'exploitation des gaz de schiste, unissons-nous le 22 avril pour que l'humain triomphe dans les urnes .
Merci au maire de Barjac pour son action citoyenne, ses prises de position, son courage face à l'obscurantisme de certains .
Bravo, pour la rénovation du village .
Solveig a dit…
Céder une part pour sauver l'essentiel et donc moins consommer, moins polluer passe aussi par la nécessité de manger moins de viande .
Continuer à produire des quantités astronomiques de viande au détriment de l'équilibre écologique est stupide quand le raccourci de manger directement les céréales et les légumineuses est si simple et si goûteux !
Et favorable au maintien de la santé .
Donc économique pour la sécurité sociale !
C'est ce qu'on appelle faire d'une pierre deux coups .