Jacqueline Talouarn, jusqu'au bout...

                                                                       A  JACQUIE



Depuis 30 ans que je la connais, il n’est pas une cérémonie où Jacqueline manquait : celle des Crottes, le 3 mars, du 25 avril pour les Déportés, du 8 mai pour la fin de la guerre, du 19 mars, l’Algérie, le 21 août pour la libération du Gard, le 11 Novembre pour l’armistice 14-18…

Souvent, j’avais la fierté de l’avoir à mon bras, agitée qu’elle était par le souci des fleurs et la santé de nos camarades absents…

Aujourd’hui, oh Jacquie, le vent emporte mes pauvres mots que tu as souvent entendus et que je ne pensais pas qu’ils puissent t’être destinés car je croyais indestructible.

Femme combat, femme libre, femme digne, femme fraternité, femme amour, femme mémoire, femme témoin, femme de notre France qui n’a jamais cessé d’être belle et lumineuse de volonté, tu ne laisses en nos cœurs que du bon, de l’espoir transmis, venu des lumières sombres de ton siècle.

                                « Croyez-moi ne me croyez pas quand je témoigne,
                                  Ce que je sais du malheur m’en donne le droit
                                  Si quand on marche vers le soleil, il s’éloigne
                                  Si la nuque de l’homme est faite pour la poigne
                                  Du bourreau si ses bras sont promis à la croix
                                  Le bonheur existe et j’y crois. »
                                                                                        Louis Aragon  

Ta vie ? C’est Ivry, la banlieue, ouvrière, organisée, solidaire.

C’est le Front Populaire et la rencontre avec Jean Legaleu, la guerre d’Espagne. L’arrestation du résistant communiste, ton mari d’un mois, que tu vas rencontrer au parloir de Fontevraud, non sans pleurer et trembler.

C’est la Résistance d’une femme, sous toutes les formes de refus de l’occupation et de la collaboration pétainiste.

C’est la déportation – Ravensbrück et Holleischen- matricule 52579 ;

C’est le deuil en 1947 de Jean.

C’est la Renaissance avec Jean Talouarn, votre fils Jean-Yves et vos petits-enfants.

C’est Barjac avec Georges Marquand, Pierre et Fouquet, Mireille Kirchner, Jean Ricoux, Simone Degueret et Maurice Leberre…

C’est un travail immense pour transmettre le souvenir et prévenir que le ventre est encore chaud qui engendre le monstre du nazisme, du fascisme, dans les lycées, les écoles, les cérémonies. Toujours debout malgré les deuils, les chagrins et les revers.

Tu as lutté pour toutes les femmes, tous les hommes, comme le fait aujourd’hui, les armes à la main à Kobané, Narin Alrin, Commandant Kurde face aux monstres obscurs engendrés par les appétits pétroliers. Elle aussi se bat pour notre l’Humanité.

C’est à Barjac que tu as été reconnue Officier de la Légion d’Honneur, chez un allemand, par un petit fils d’un juge de Nuremberg,  Donnedieu de Vabres.

A tes petits-enfants.


                                                                                       Édouard CHAULET
                                                                                       Maire de Barjac,
                                                                                      Conseiller Général du Gard

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Lors du festival chansons de Parole, une affection intense s’est établie entre Bruno RUIZ et Jacqueline et Jean TALOUARN, alors Président de l’Association Chant Libre.
Il nous a offert son texte prononcé devant le cercueil de ma camarade, dont la vie fut un exemple de courage et d’engagement, un militantisme pur comme on aimerait en connaître souvent.






Cérémonie de commémoration du massacre des Crottes







                       22 septembre 2006, lors de la remise du grade d'Officier de la Légion d'Honneur 
               à Jacqueline TALOUARN et Josette ROUCAUTE par Marie-José CHOMBART de LAWE

"Soeurs d'Amour" de Bruno Ruiz (paroles et musique) pour Jackie TALOUARN


Avec Roger Payen lors de l'exposition "Parcours de Santé"
Notre citoyenne d'honneur, officier dans l'ordre de la légion d'honneur pour faits de résistance et déportée de Ravensbruck, ma camarade, une grande dame, pour la première fois cède.
Les obsèques auront lieu mercredi à 14 h au cimetière
 Jacqueline  ,L.Baud,  R. Paumel, A. Bord,  Gaby Comte          
 Avec Jean Talouarn depuis1951


Sous la direction de Marie Pierre Brusselle les enfants chantent "Soeurs d'amour" de Bruno Ruiz 

Commentaires

Unknown a dit…
Très belle personne, une leçon de vie. Bel hommage. Merci