JACQUELINE TALOUARN, PASSEUSE DE MEMOIRE



En cette journée nationale du Souvenir de la Déportation, notre place à Barjac est tout naturellement dans la cour de l'école publique sur cet  «Espace Jacqueline TALOUARN».
Jacqueline TALOUARN était un symbole pour tous ceux qui l'ont connue à Barjac, des années terribles de la 2éme Guerre de 1939/1945 et de toutes les horreurs qui l'escortèrent. Née à Ivry, d' une famille ouvrière, Jacqueline s'engagea très vite dans les luttes populaires. Syndicaliste, elle a vibré mors du Front Populaire, soutenu les Républicains lors de la guerre d'Espagne, puis, comme par une obligation morale, avec son mari Jean LE GALLEU, elle a rejoint la Résistance. Son époux est arrêté le premier, puis elle le 26 octobre 1943. Elle est incarcérée à la prison de la Roquette. Puis, quelques mois plus tard, le 10 aout 1944, l'instant tant redouté, elle est embarquée dans un convoi de wagons plombés, direction L'Allemagne, le camp de concentration de RAVENSBRUCK où elle est enfermée, avec le matricule 52579, tatoué sur son poignet.
En ce jour de commémoration, 75 ans plus tard, il est essentiel de rappeler que la déportation ne frappa pas seulement des millions de juifs, mais aussi des "politiques", des droits communs, des tziganes, des "associaux", chaque groupe identifié par un  triangle de couleurs différentes, cousu la pointe en bas sur leur poitrine.
Pendant une année, Jacqueline vécut l'enfer des camps; les insultes, les coups, le travail forcé, la faim; la peur quotidienne de la mort avec les chambres à gaz où les fours crématoires voisins. Elle y apprit aussi la formidable solidarité des femmes asservies, leur courage qui les faisait tenir debout. TENIR? TENIR TOUJOURS CAR CEDER UN POUCE, C'EST DONNER RAISON AUX ASSASSINS.
Elle se lia  notamment d'amitié avec Josette Roucaute, une jeune militante communiste venue d’Ales. Son mari était lui dans un autre camp de concentration.

Mai 1945, après des jours d'attentes folles et d'espoir, Jacqueline qui avait quitté le camp de Ravensbrück pour celui de Hollenschoen, voit les portes s'ouvrir. Apres une longue et difficile errance, elle arrive libre à Paris accueillie par sa mère. Elle va retrouver Jean, pour un bref temps de bonheur. Brisé par les tortures, la captivité, il meurt en 1947.

Les temps du retour ne sont pas toujours évidents. Jacqueline raconte : "Nous, les déportés, quand on est rentré, la France était déjà libre depuis un an. Les gens avaient repris une vie normale et nous, on arrivait avec tout ce qu'on avait à dire, à raconter. Les gens n'avaient pas envie qu'on leur dise des choses encore plus terribles que ce qu'ils pouvaient penser. BEAUCOUP D'ENTRE NOUS AVAIENT PEUR QU'ON NE LES CROIT PAS."

Plus tard, avec son second mari Jean TALOUARN, et des camarades déportés,  elle va venir vivre à BARJAC. Elle retrouve Josette ROUCAUTE qui habite ALES et ensemble, elles vont entreprendre un inlassable travail de mémoire dans les écoles, les collèges, les lycées, lors des commémorations pour que plus personne ne puisse dire "Je ne savais pas". Elles auront le bonheur d'être élevées ensemble au grade d’Officier de la Légion d'Honneur le 22 septembre 2007.
Pour conclure cette évocation de Jacqueline, au buste toujours droit, aux yeux étincelants adoucis par un sourire, je ne peux que citer les paroles d’Edouard CHAULET le 17 octobre 2017 :
"femme combat, femme libre, femme digne, femme fraternité, femme amour, femme mémoire, femme témoin, femme de notre France qui n'a jamais cessé d'être belle et lumineuse de volonté."

                                                                                    Alain RAYBAUD
                                                                                    Conseiller Municipal
                                                                                     Barjac, dimanche 29 avril 2018

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