Foire à la Brocante et aux Antiquités
Deux fois l’an, à Pâques et au 15 Août, deux grandes marées amènent aux rivages de Barjac, choses et gens.
L’odeur du temps ancestral et la mélancolie des greniers gagnent tout le bourg. Les vastes places se recouvrent d’une prolifération de meubles, d’outils, de vaisselle –et que sais-je encore- dans une incroyable diversité.
Le regard exercé des marchands a su sélectionner l’insolite et l’ancien, les proposer avec tolérance à nos inconscients. Comme le chineur, le photographe aussi a l’œil. Il fait surgir d’un fatras déballé selon un désordre propre aux brocanteurs, le jouet insolite, l’outil disgracié pour le mettre en vedette et lui trouver une nouvelle vie. Ici la société du jetable est niée. Le réparable et le ressuscité font loi. Il y a un lien entre ce village de caractère dont les maisons anciennes datent de la Renaissance et cette foire du patrimoine usagé. Les champs et les fermes sont à l’entour des maisons nobles et chaque étalage semble en sortir authentiquement.
Le miracle de cette affluence vient-il de là ?
Les foires agricoles de Barjac ont plus de cinq siècles. Le déclin de l’agriculture auquel nous résistons, a fait place aux foires diverses dont le succès est magique : foire aux antiquités, mais aussi marché du vendredi, foire bio, aux poteries, vide-greniers, foire à la lavande…
Jean et Josette TASSY, Antiquaires de profession, ont bien senti que Barjac n’était pas guéri de son mal de foire ; ils l’ont réinventée. Quel citadin n’a pas la nostalgie de la campagne et des objets anciens ? La mondialisation invite à l’autoroute, mais aussi, à l’armoire ancienne, l’hyper connexion aux objets à remonter le temps et aux marchés aux puces. Tiens, tiens, il y en a dans mon ordinateur !
Peut-être aussi s’ajoutent l’ombre des platanes, la fraicheur des vins rosés, le charme des maisons d’hôte, et surtout, le bonheur des marchands à se retrouver pour les souvenirs et l’amitié, comme en vacances. Certains brocanteurs et antiquaires viennent depuis plus de trente ans avec la ferveur et la fidélité des pèlerins des Saintes Marie de la Mer.
Les clients aussi sont des avertis. Les liens de la population et des chineurs avec les marchands se scellent aux bons vins de la coopérative… et plus ils sont forts, plus les prix baissent…
Beaucoup de communes jalousent cette foire et tentent de la concurrencer. Elles n’ont pas compris que l’âme d’un pays ne s’achète pas et que chaque personnalité est inimitable.
Edouard CHAULET
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