Eschaton-Kiefer ouverture




Intervention du Maire  7 mn
 

Cher Anselm, Monsieur le Président,

Merci de vos bienveillants propos à mon égard. Je les partage avec les conseillers municipaux qui m’ont aidé et les ouvriers qui ont travaillé, dont Tony Fernandez, souvent rudement, et le travail administratif.

Il y a 30 ans, tu es venu joyeusement t’installer à Barjac, dans cette houle verte et parfumée du maquis, cette campagne habilement marquetée de vignes, de tournesols, de lavande et de blé d’or, ficelée de vents et de lumières, un spectacle fabuleux qui ne cède qu’en faveur de la ligne féminine et bleue de nos Cévennes ou de nos nuits belles, sous le regard étoilé de l’Univers infini. Certains diront que c’est la France « profonde » terme méprisant que nous revendiquons.

Tu voulais un lieu qui fleure le travail ancien, la création industrielle et cette filature de Ribaute t’a capté. Les magnanarelles qui dévidaient le fil de soie avaient séduit par leurs mânes un repreneur, un résurrecteur digne de leur abnégation à l’ouvrage… De la soie à la «palette ailée » le fil s’est renoué.

Ton domaine est un vaste atelier propice à laisser venir à toi tes matériaux préférés : le temps, l’histoire, la poésie, la philosophie, le silence - la peur et le refus de la mort- cette lanterne de tout artiste et de tout humain.

Je l’ai vu peu à peu passer de la négligence habitée sauvegardée par la famille Etienne à ce qu’il est aujourd’hui, grâce à ta créativité et des équipes nombreuses et habiles, des artisans locaux qui ont beaucoup travaillé avec Tony.

Mon rôle n’a été que de tenter de te protéger, de te rendre libre des codes contraignants de l’urbanisme, de conjuguer urbanisme et liberté artistique, de faire partager avec ta bienveillance cette œuvre immense, clandestinement, à des centaines de visiteurs motivés et curieux de faire plus ample connaissance avec l’artiste. Oui j’ai conduit ici des dizaines et des dizaines de personnes qui partaient enchantées par ce qu’elles avaient vu.

Certains me disent « Kiefer c’est bien pour Barjac ». Je pense moi que c’est bien pour l’art, pour cette Allemagne, cette France, cette Europe et ce monde qui je le sais se reconnaissent dans tes œuvres.

Je n’oublie pas le prix du « Praemium Imperiale » de Japon attribué au tout début en même temps que notre modeste titre de « citoyen d’honneur » de Barjac ; comme si ton œuvre avait besoin d’une estampille « breveté par les pouvoirs publics » comme une marchandise. Citoyen d’honneur que tu n’as fait que confirmer. L’artiste est libre. Il a des ailes.

Au fur et à mesure du déploiement dans ton espace, j’ai beaucoup appris, grâce à toi, plus que tu ne le sais, et cela me plaît d’entrer même balourdement dans ton univers et de suivre ta pensée sur l’art, l’Histoire, les guerres, ah les guerres ! la vie, la mort.

Je suis entré en amitié avec ton espace, tes tableaux et installation et je te porte en moi avec affection.

Merci d’avoir relevé notre terre et mon esprit, merci de la visite offerte avec générosité, de ce temps immense cristallisé en beauté et enfermé ici pour le questionnement, ce charme et ce bonheur de tous jusqu’à la fin des temps.

Edouard CHAULET

25 juin 2022

Francoise Nyssen ancienne ministre de la culture et Anselm Kiefer

Anselm Kiefer, Janne Sirén, Président de la Fondation Eschaton, Waltrod Forelli administratrice



M.le directeur de la culture pour l'Occitanie,Gaelle Gueguen, le maire , l'adjointe à la culture de Barjac.

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