102 ans, et alors?
Voila un an je sollicitais M.le Préfet en lui indiquant la biographie d'un camarade de maquis de mon père . Aujourd'hui j'apprends avec joie son élévation au grade de chevalier dans l'ordre de la Légion d'Honneur.
Le 21 juin ,date de la Libération du Gard, les stèles depuis Barjac , St jean, Pont de Tharaux, Rochegude, courlas seront fleuries, comme chaque année.
A Courlas, devant la stèle dédiée aux frères Chabrier, j'aurai l'honneur de le décorer.
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"M. Roland Tauleigne va avoir 101 ans. Il est lucide, alerte et participe aux commémorations sans faire défaut.
Dès l’âge de 13 ans, il aide ses parents épiciers, avec son frère. Ce dernier sera résistant dès 1943 et abattu dans les locaux de la milice en 1944.
Roland participe à l’accueil à Saint-Jean-de-Maruejols des réfugiés espagnols et s’éveille politiquement à gauche. Fin août 1941, il écrit des tags en grand sur les murs du village à la peinture rouge : « Vive de Gaulle, vive l’URSS, vive les Alliés, à bas Pétain ». Cela lui vaut un interrogatoire musclé par la police d’Alès et une arrestation au fort Vauban. Un procès à 18 ans lui vaut 36 mois de prison pour « reconstitution de ligue dissoute » et il est transféré au fort Saint-Nicolas de Marseille, chez les mineurs puis chez les « politiques ».
Il est transféré à la centrale d’Eysses où il refuse le S.T.O. en échange d’une « libération » en Allemagne. Il contribue à l’organisation clandestine des prisonniers (octobre 1943) et reçoit des cours de physique de Georges CHARPAK, co-détenu. Il participation l’insurrection des 1200 prisonniers de la centrale et figure parmi les 55 choisis pour fournir 12 fusionnés (22 février 1944). A sa libération, le 3 mars, il rejoint le maquis FTPF n°5 de Barjac/Orgnac, dirigé par Luigi FERRI dit « Capitaine Jacques », immigré italien ayant participé aux Brigades en Espagne.
Tauleigne aura le grade de sous-lieutenant. Il participe à des actions contre l’usine Péchiney de Salindres et aux 2 batailles de Banne fin juillet 1944 où furent stoppées les colonnes de la Wehrmacht. La 7119ème compagnie occupe Alès.
La guerre terminée, il se marie et perd Ginette en 2010.
Il devient instructeur de l’armée de l’air à Uzès. Il travaille par la suite aux mines d’asphalte de Saint-Jean-de-Maruejols puis de Molières-sur-Cèze.
Claude, sa fille, naît en 1950 et deviendra architecte. Il monte un commerce d’électroménager à Marseille puis de meubles avec 49 salariés. Patron « de gauche », il clôture son entreprise en difficultés sans dette. Il devient salarié des meubles « Ligne Roset » dont il devint un des concessionnaires les plus importants à Vitrolles.
A la retraite, il se retire à Tharaux puis à St Jean. Il a le chagrin d’enterrer un à un ses 4 camarades de combat, en particulier Albert Bord, communiste, comme lui interné au fort St Nicolas de Marseille.
A 92 ans il écrit sa vie dans un livre intitulé :" 92 ans, et alors? "
M. Tauleigne, 101 ans, valse encore et conduit son auto.
Ce héros modeste doit être élevé au rang de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur"
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