tournés vers l'avenir

FERME MUNICIPALE
Barjac cultive son potager municipal pour fournir la cantine
À Barjac, dans le Gard, la commune a recruté un maraîcher pour créer une ferme communale bio et alimenter sa cantine. Une première année riche d'enseignements.
Au cœur de la parcelle, Aline Guyonnaud, 1re adjointe au maire de Barjac, et Johann Dennat, maraîcher municipal, savourent les fruits - et les légumes - d'une 1re année de culture réussie.
© Crédit photo : JB
À Barjac, le champ de 7 500 m² installé à l'automne 2024 a bien verdi. C'est là que Johann Dennat, maraîcher municipal, cultive salades, carottes, choux, poireaux ou encore oignons destinés à la cuisine centrale. La structure prépare les repas des deux écoles, de la crèche, du portage à domicile, du centre de loisirs l'été et même, ponctuellement, de la maison de retraite, soit 230 repas par jour - plus de 300 avec l'Ehpad.
"Nous avons lancé cette ferme communale pour rapprocher la production et la cantine", explique Aline Guyonnaud, 1re adjointe au maire. "Les résultats de la 1re année sont très encourageants."
Le bio à la cantine depuis 2005
Engagée de longue date dans une démarche alimentaire durable, la commune sert du bio quotidiennement depuis 2005, une initiative mise en lumière par le film Nos enfants nous accuseront. "C'est grâce à l'association 'Un Plus Bio', qui œuvre pour le développement des cantines bio, que la commune s'est engagée", précise l'élue, diététicienne à la retraite.
Mais les difficultés d'approvisionnement rencontrées ces dernières années ont poussé la municipalité à lancer ses propres productions. Les agents techniques ont ainsi été formés à l'agriculture dans le cadre du Projet alimentaire territorial (PAT) de la communauté de communes de Cèze-Cévennes. "Une fois la parcelle acquise, nous avons été accompagnés par le cabinet Agroof pour planter les haies", poursuit l'élue. "Ensuite, nous avons cherché un maraîcher."
Johann Dennat a posé ses valises à Barjac en septembre 2024, après deux années passées à la ferme municipale de La Tourette, dans le Var. La 1re année fut intense : choix et commande du matériel, conception de la parcelle, installation de l'irrigation, apports de fumier, construction de la serre et de la pépinière, élaboration du calendrier des cultures et des semis. "C'est un modèle inspiré de Jean-Martin Fortier, avec du maraîchage bio intensif sur planches permanentes. La parcelle est découpée en 12 jardins-planches et moins de 2 000 m² sont réellement cultivés pour l'instant", précise-t-il. Sur le terrain, tout est pensé pour allier production et biodiversité : bassin de stockage, haies, zones refuges... les cultures sont planifiées avec le cuisinier municipal afin d'adapter les volumes aux besoins.
La 1re année s'achève sur 2,5 tonnes de légumes produits, réparties sur une quarantaine de variétés. "Ce qui nous manque, ce sont les fruits", note Johann Dennat. "Nous allons donc planter, pour la Sainte-Catherine. Des cerisiers, pruniers, pêchers, figuiers, mais aussi des mûriers sans épines, des framboisiers et quelques kiwis", ajoute-t-il en montrant les jeunes ceps de raisin de table. "J'aimerais faire des pergolas au-dessus de certaines planches avec les kiwis et la vigne." Ces plantations se feront avec les écoliers, dans la continuité des ateliers pédagogiques déjà menés sur place. "C'est génial de les voir se passer un poivron pour croquer dedans", sourit-il. Mais la commune ne s'arrête pas là : elle produit sa propre huile d'olive, achète le pain bio du Raspaillou et celui d'un paysan-boulanger local, et travaille avec Biocoop Restauration pour l'épicerie.
Le bilan financier de cette 1re année n'est pas encore connu, mais la rentabilité n'est pas la priorité. "La production d'un kilo de courgettes revient à 36 centimes, sans compter la main-d'œuvre", calcule Johann Dennat. "Quand nous nous sommes lancés dans le bio, cela représentait environ 18% de plus sur le budget", se souvient Aline Guyonnaud. "On a avancé progressivement, et maintenant on ne compare plus : on ne connaît plus les prix du conventionnel." À Barjac, le prix du repas à la cantine s'élève à 2,50 €, et il devrait évoluer à la baisse dès janvier 2026 avec le soutien du dispositif 'Cantine à 1 €', dont la commune bénéficiera.
Vers un réseau national des fermes publiques
L'expérience de Barjac ne se déroule pas en vase clos. En 2024, les premières rencontres nationales des fermes publiques ont débouché sur la création officielle d'un réseau national. Ce dernier regroupe aujourd'hui plus d'une centaine de communes ayant fait le choix d'une production locale en bio ou en conversion, gérée directement par la collectivité. Il permet d'échanger des outils, des documents et des pratiques, avec l'ambition de rejoindre à terme un réseau européen déjà existant.
La pionnière reste Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes, où la ferme municipale fonctionne depuis 2011. Barjac, seule commune du Gard à s'être lancée pour l'instant, s'inscrit dans cette continuité. "Nous restons fidèles à notre philosophie : faire du bio, du local, et du sens", résume Aline Guyonnaud. "Et surtout, transmettre aux enfants le goût de ce qu'ils mangent." Après une 1re saison concluante, la petite ferme municipale aborde l'hiver avec ses projets de diversification- et la titularisation prochaine de son maraîcher. Une nouvelle graine d'autonomie vient décidément d'éclore au cœur du Gard.

Commentaires
Le fait que Barjac soit, à travers cette réalisation, mis en contact avec d'autres fermes de ce style sur l'ensemble de la France est un premier pas vers un désenclavement du village.
Le repli sur soi n'est jamais souhaible.
Tous mes vœux de bonne continuation.