Barjac
Les producteurs se réapproprient la terre
Le Languedoc-Roussillon, une région indissociable de ses paysages viticoles... jusqu’à quand ? C’est à cette question qu’un maire a voulu répondre, à son niveau, en prenant les devants. Le communiste Edouard Chaulet, très médiatique premier magistrat de Barjac (Gard), a relevé les manches pour éviter qu’une vaste propriété agricole, assise sur sa commune, soit démembrée et ses terres détournées de leur usage originel. "Le danger, c’est qu’on risque d’avoir une France de propriétaires et les paysans remplacés par des golfeurs, justifie l’élu. Or, il faut favoriser la création de circuits courts entre les agriculteurs et les consommateurs."
Voilà pourquoi il est intervenu dans le dossier de La Grange des Prés. Le métayer qui exploitait ce vaste domaine de 120 ha partait à la retraite. Le propriétaire voulait vendre pour que son fils puisse acquérir des terrains sur le secteur de Monbazillac. "Nous sommes allés le voir", et l’affaire fut réglée ingénieusement.
Ainsi, la Safer a préempté les 120 ha, puis la fondation Terre de liens, dont la vocation est d’aider à l’installation d’agriculteurs œuvrant dans le bio, a pu les acquérir au prix de 1,2 M €. Objectif : les louer à des producteurs, mais aussi créer sur place un centre de formation au maraîchage et une couveuse où apprendre le métier de paysan. En outre, les producteurs accueillis approvisionneront la cantine de Barjac, mais aussi le marché local.
Un projet unique en France. "La Grange des Prés va accueillir un boulanger, des éleveurs, un producteur de bière...", énumère Edouard Chaulet. Cette initiative est aussi une façon de lutter contre la spéculation immobilière qui mine les terres agricoles, proches des villes confrontées à l’augmentation de leur population. Le projet a d’ailleurs reçu le soutien du conseil régional, attentif aux risques de la désertification. Il lui a octroyé une subvention de 20 000 €.
Le dossier est en effet séduisant. En septembre, les nouveaux locataires de La Grange des Prés bénéficieront de baux ruraux environnementaux de 9 ans. "La conversion à l’agriculture biologique sera définitive au printemps 2012", précisait, enfin, le conseil régional dans sa délibération.
PIERRE BRUYNOOGHE - MIDI LIBRE - Lundi 30 mai
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