Corrida, tradition, culture ? Il y a 11 ans je descendais dans l'arène

"porno statt corrida" 

"Porno statt corrida" peinture sur papier de Peter Pick. visible à la fondation mh 2 Rue de l'Olivier à Avignon

A propos du vœu sur la Corrida et la tradition tauromachique proposé au Conseil général en séance du 23 juin 2011 à Nîmes.


Je distingue la corrida, ou mise à mort, des courses camarguaises et des jeux avec les taureaux, fête sportive de la bête et de l’homme. Car il s’agit là de nos relations sociétales des humains et des animaux.

Dans la nuit des temps, des mythes structurants, tels celui d’Iphigénie, d’Isaac, des cultes vaudou ou de Mithra ont fait de l’animal le substitut du sacrifice humain….on est soulagé quand la jeune fille, le fils, sont remplacés par un cygne et un mouton...

Depuis, notre civilisation chrétienne ne sacrifie plus que symboliquement avec de pain et du vin, d’eucharistique façon la mémoire d’un sacrifié.pour tous et pour toujours ; le

peu de cas de la vie humaine ne cessa pas avec les tueries de gladiateurs pour le plus grand plaisir des foules et la sérénité des pouvoirs impériaux : « Panem et circences ».

L’arrachement des sociétés au sang sacrificiel est très lent. Les guerres , ces orgies
sanglantes n'ont ménagé ni les chevaux, ni les humains.
L'enfant mérite l’éducation au respect de la vie et à la non-violance. Le conduire jeune au spectacle des espagnolades pour faire son éducation aux "traditions culturelles" n'est pas le meilleur chemin... S'il doit être "fan" de quelque chose il y a mieux comme proposition.

Il est vrai que la vision que Descartes a communiquée de l’animal n’

aide pas. Elle fonde la relégation de l’animal à l’état de mécanique insensible et incapable de sentiments, une horlogerie complexe mais sous l’homme et non pas à ses côtés et avec lui, comme toute la nature, d’ailleurs, devrait l’être.

C’est le fondement idéologique commode qui justifie l’industrialisation de la « bête à viande », du hors sol d'élevage concentrationnaire à son exclusion quasi-totale de l’environnement urbain à l’exception du chienchien et du minou!

Avec la Corrida, qui n’est pas de haute tradition, ( 1852 à Bayonne par la future impératrice Eugénie,)

nous avons affaire à une pédagogie du sanglant, du pervers lèche-sang tel qu’en Place de Grève on en régalait la foule aux dents de furet.

Une tradition n’est pas au demeurant toujours à respecter.

Je pense, à l’excision, l’infibulation, aux cothurnes japonais et aux mutilations qu’au nom d’une « culture », on inflige. Notre pays a fini par avancer sur la peine de mort, donnant ainsi une leçon de respect de la vie. Ce ne fut pas facile, ça ne l’est toujours pas.

C’est une avancée vers cette « Humanité » dont voulait Jaurès qui reste à atteindre et qui n’en est qu’aux balbutiements.

La torture d’une bête avec des  tridents , des banderilles puis des enfoncements, dans ses chairs, de piques, avant de la tuer à bout de souffle d'une férocité provoquée, apparaîtra un jour comme une barbarie que seuls un business local , un électoralisme ,voire un sombre inconscient reptilien justifiaient.

En conséquence, j’ai voté contre le vœu après avoir tenté ce discours, en me sentant quelque peu extraterrestre…..comme un personnage de « La Planète des Singes » de Pierre Boule.

Edouard CHAULET