cadeau de mémoire

Cet été , au festival de Chansons , une dame assise  à mes cotés, juste où Jean Ferrat avait l’habitude d'être me demanda  si je n'étais pas le Maire... A l'entracte ,dans mon bureau elle se présenta avec un album de vieilles photos . Elle pensait que j'avais oublié la famille Agulhon .Comment aurais-je pu  avoir oublié cette enfance libre  et fraternelle de gamins des rues et des bois ? Aucun épisode de cet âge ,cinq ,six ans n'est resté aussi vif .  Ils habitaient en dessous du café Marron devenu salon Gégée . A l'école , dans les rues , pour les fêtes de famille et les excursions nous étions ensemble Notre maison était en face, place Joseph Comte. Les trois enfants Jacqueline, Nanou et Robert ont exactement l'âge des trois frères Chaulet, Jean, Yves et moi; Françoise, notre soeur, était le bébé de la bande..Les photos pieusement conservées montrent de nombreux épisodes de nos relations et des lieux du village, bien transformés depuis .
Notre bonheur s'était déchiré lorsque le père Agulhon assailli par des abeilles à la Perrière succomba J'avais perçu de loin la tragédie depuis "la terre du pylône" alors que nous ramassions avec mes copains des feuilles de mûrier pour nos magnaous .
Je venais d’apprendre, à six ans, qu'un papa n'est pas un dieu immortel et que le sort n'est pas la justice.
 Nous avions été très malheureux  Le village avec sa pudeur traditionnelle a partagé  cette douleur.    .Peu de temps après le drame, pour diminuer ses difficultés matérielles, la maman décida de revenir à Florac avec sa nichée nous séparant de nos amis.
 Nous ne nous sommes  revus que soixante trois ans après !Mon premier cadeau de Noël sous forme de jouet, un oiseau à ressort en métal, c'est la maman Agulhon qui me l'avait offert au temple de St Jean. Un cadeau de mémoire avec cette rencontre nous est arrivé, tout aussi merveilleux .