Jean Richepin


Malheur aux pauvres ! C'est l'argent qui rend heureux.
Les riches ont la force, et la gloire et la joie.
Sur leur nez orgueilleux c'est leur or qui rougeoie.
L'or mettrait du soleil même au front d'un lépreux.

Ils ont tout : les bons plats, les vieux vins généreux,
Les bijoux, les chevaux, le luxe qui flamboie,
Et les belles putains aux cuirasses de soie
Dont les seins provocants ne sont nus que pour eux.

Bah ! Les pauvres, malgré la misère sans trêves,
Ont aussi leurs trésors : les chansons et les rêves.
Ce peu-là leur suffit pour rire quelquefois.

J'en sais qui sont heureux, et qui n'ont pour fortune
Que ces louis d'un jour nommés les fleurs des bois
Et cet écu rogné qu'on appelle la lune.

Commentaires

Anonyme a dit…
Jean Richepin est un poète peu fréquentable et c’est pourquoi peut-être Brassens, qui commença sa jeunesse par voler, l’a ressuscité. Jean Richepin, né en Algérie, était le fils d’un médecin breton. Ce colosse fut très tôt turbulent. Sitôt licencié en lettres, il devient franc-tireur, avec Jules Vallès comme maître à penser. La Chanson des gueux lui vaut un mois de prison et 500 francs d’amende et une réputation de Villon des temps modernes. Il s’attaque à tout ce qui est bourgeois et catholique. Son entrée à l’Académie française en 1909 le consacre comme "révolté officiel" mais désormais inoffensif. Membre des "bourreurs de crâne", avec, entre autres, Maurice Barrés, pendant la guerre 14-18, il deviendra la cible du tout nouvel hebdomadaire satirique de l’époque : Le Canard enchaîné. Le voici devenu "vieux con" ! Mais peu importe que son oeuvre soit aujourd’hui oubliée, puisqu’il reste dans nos têtes avec son poème Philistins mis en musique par Brassens, chanson reprise par Renaud.
Anonyme a dit…
Je me demande si au temps de Richepin on refusait aussi l'inhumation aux pauvres et à leurs bébés ?