Barjac m'enchante - Ouverture et Prix Jacques DOUAI
DISCOURS D’OUVERTURE DU FESTIVAL BARJAC M’EN CHANTE
Samedi 30 juillet
2016
Nous voilà
rassemblés comme par enchantement pour ce banquet barjacois des mots et des
notes, table ouverte d’une confrérie fière d’une langue qui dit bien ce qu’il
faut dire de son temps.
La chanson
enchante et ensorcèle. Fée ou gitane insidieuse sa danse, ici, comme ailleurs
ne va pas de soi… pas de soie…
Cette grotte
verte des platanes pleins de coucouroucoucous, le chaudron du château, l’étuve
du chapiteau retrouvent leur festival miraculé, griffé des ronces de son chemin
difficile, mais vivant et « ni tout à fait le même, ni tout à fait un
autre ». Un nouveau lieu vous est ouvert et des visites d’art. Les périls
ne manquent pas – Région et Département ne nous ont pas trop réduit leur
subvention et communauté et commune ont rehaussé la leur. Par les temps qui
courent à reculons nous n’en sommes que plus reconnaissants. Cet effort public
dit une volonté politique culturelle rare dans l’austère paysage des budgets.
Le péril c’est aussi les fins de mois difficiles qui obligent les festivaliers
à des choix. Nombreux sont ceux qui disent rester sur leur faim de chansons au
soleil de ce" cher" MIDI dévarié d’été…
Le péril c’est
aussi l’atmosphère de peur, de sidérations dans le pays qui plombe les sorties
et l’enthousiasme. Le monde pas beau se détourne des miroirs dont pourtant il a
tant besoin.
Le Festival est
un défi, une impertinence de l’esprit libre, une fête qui « rentre
dans le lard » du désordre établi, un frondeur qui ne sait pas renoncer.
Son « pacte d’humanité » ne lisse pas, n’endort pas et ne confond pas
tout. L’assemblage délicat tient sa force de son hétérogénéité comme les bons
vins. Il prend son risque , et regarde en face les fronts bas des taureaux
imbéciles et meurtriers, au nom de la justice, de la liberté, de la parole libre
et belle.
Le péril est en
nous-mêmes aussi. L’âge qui vient, avec le cœur moins neuf, la difficulté de la
relève, la disponibilité conditionnelle des" bénéloves" et le besoin de reconnaissance dans une
société qui enfonce chacun, peuvent nous faire déchanter et nous inviter, dans l’amertume à déserter le service culturel commun.
Vous le savez,
les mutins d’Octobre de « Chant Libre » ont voulu s’imposer et
changer un cours devenu trop personnel.
Cela les
implique encore plus, les voue à durer, changer, s’obstiner à élargir le cercle
des connaisseurs et des dévouements. Je ne peux que les regarder « prendre
leur courage à deux mains » pour l’instant (handicap !) et les
assurer du soutien inexorable de la Municipalité. Sachez que si Barjac vous en
chante, moi, j’en suis fada !
Vive la chanson
à texte, vive la chanson de paroles, vive la chanson qui, on a beau dire en dit
long de tout son corps de toutes ses fines fleurs de tout son caractère.
Bref vive celle
qui « marche dans l’horreur la tête dans les îles où n’atteignent jamais
les armes des bourreaux » (Léo Ferré).
Vive donc la Poésie !
Edouard CHAULET
REMISE DU PRIX JACQUES DOUAI
Lundi 1er août 2016 - Christian CAMERLYNCK
Il y a deux ans, j’étais ici même dans le public, pour la remise du
Prix J Douai à Michel Boutet et à Thibault Defever. Mon mari qui m’accompagnait
pour la première fois à Barjac me demanda. C’est qui Jacques Douai ? Et
moi l’aficionado de la « Bonne chanson » de répondre, Comment tu ne connais pas ?
Comment aurait-il pu le connaître ?
Souvent nous sommes persuadés que l’autre possède la même
expérience, le même bagage que nous. Cela m'a questionné sur la transmission.
Alors Je lui ai raconté un peu Jacques
Douai, j'ai parlé de l' Interprète exigeant et précis de son répertoire de chansons poétiques
du militant culturel, engagé dans
l’éducation populaire.
On me demande souvent, Vous n’êtes qu’Interprète ? Oui, je suis un artisan interprète, J’écris des
spectacles avec les chansons des autres. Ils disent tellement bien ce que j'ai
envie de dire, de partager.
Comment faire découvrir la richesse et la
beauté de notre Patrimoine. Les auteurs que nous aimons, nos découvertes?
Quand on évoque des interprètes On pense à Juliette Greco, Cora
Vaucaire, Reggiani, Patachou, mais
nous avons aussi Jean Guidoni, Laurent Viel, Évasion, Madame Raymonde, Entre
deux Caisses, Marie Thérèse Orain, les Cabaretistes, et aussi Laurent Berger quand il mêle les chansons de
Brel avec les Siennes et sans doute d’autres.
Ils éclairent les œuvres d’une autre couleur
comme le font les comédiens, les metteurs en scène à qui on ne demande pas s’ils ne sont qu’interprètes ?
Les Interprètes sont des passeurs de chansons et d’émotions. Sans Catherine
Sauvage, aurait-on reconnu Ferré, Vigneault ? Les interprètes sont les porteurs et
passeurs vivants de notre patrimoine
EN 2017 cela fera 40 ans que je chante
professionnellement, jamais je n’ai pensé faire un métier de spectacle. Ni même
que la chanson remplirait autant ma vie.
j’ai baigné dans la chanson depuis l’enfance. Et Sans
m’en rendre compte « j’ai accumoncelé » un répertoire dans des fêtes de famille, J’ai
même été opéré des amygdales sur de la chanson.
Quand on m’a dit de souffler dans le ballon de chloroforme j'avais 5
ans, Line Renaud Chantait « sa cabane au Canada » je me suis endormi, quand je suis sorti de l’Anesthésie elle chantait
toujours.
Je suis un enfant de
L’Éducation Populaire, sans l’éducation populaire que serais-je devenu ?
C’est France, la
mère de mes enfants, alors militante syndicale et militante d’un mouvement de
jeunes qui Le 27 juin 1967, me fit découvrir l’Écluse, Marc Chevalier, Marie Thérèse Orain, Francesca
Solleville, Jacques Debronckart. C’est là dans les cabarets, que j’ai
trouvé un
sens à ma vie. C’est par
la chanson que j’ai fait mes HUMANITÉS. Les cabarets étaient mes Universités, ma Sorbonne. Félix Leclerc mon Philosophe, Gilles
Vigneault mon fabricant d’images et de mots, quand à Jacques Debronckart à
chaque fois que ses doigts entamaient l’introduction musicale de « Je suis
Comédien » Je pleurais. Aujourd’hui je comprend
pourquoi.
Les chansons m’ont
ouvert à tous les arts. Les chansons m’ontiné appris à ÉCOUTER l’autre, elles m'ont ouvert à la curiosité.
CHANTER
VOIX ÉRAILLÉES, voix de cailloux voix de Cristal raconter ma peine et mon mal,
mon espérance assassinée...que ma chanson ne soit pas gaie, je ne suis pas un
rigolo sauf que l'âpre vin de Bordeaux m'a fait la cervelle embrumée. Une
chanson à l'encre bleue pour dire mes folles illusions, mes rêves de petit
garçon, on s'ennuie tant dans les banlieues. Une chanson à l'encre rouge pour
exorciser mes soldats toutes les nuits je les revoie qui tire sur tout ce qui
bouge. Une chanson à l'encre noire, en l'honneur des anarkos coupables d'avoir
dit tout haut ce qu'il adviendra tôt ou tard. Une chanson à l'encre blonde en
l'honneur de ton sexe chaud, des Juliette et des Roméo qui baisent tout autour
du monde. C'était ta chambre au 17ème , l'oreille posée contre ton coeur,
j'écoutais la chanson que j'aime. (Extrait du poème de Jacques Debronckart)
je veux parler
aussi, de l’ÉQUIPE QUI M’ACCOMPAGNE depuis 15 ans dans une Folle aventure qui s’appelle
À CORPS
VOIX.
Marc
Chevalier est l'Homme que
j'ai choisi comme modèle, une sorte de Papa, le mien n'ayant pas vécu assez
Longtemps. Marc allait à la rencontre du public le plus éloigné des arts, pour
Lui faire entendre de la musique, de la chanson, voir des oeuvres de théâtres,
de Cinéma de la sculpture, C'était un pédagogue fabuleux SA PÉDAGOGIE L'ACTION,
LE FAIRE. PAS DE BARATIN FAIRE. Tais toi chantes. Il me disait souvent : « tu vois ce cycliste, cet Handicapé, cette
caissière des autoroutes, Je me demande que peut l’ART, pour eux? » comme
animateur Socio Culturel, puis comme Saltimbanque j'ai toujours voulu redonné
ce que j'ai reçu des artistes. Alors j'ai suivi la route Marc Chevalier.
EN 1990 J’ai eu l’intuition
que tout le monde rêvait de chanter SEUL, au moins une fois, accompagné par un musicien. Après de nombreuses
expériences dans des VVF, ou POUR DES SCENES NATIONALES Nous avons créé A Corps
Voix.
des stages destinés à
la pratique Amateur de La chanson nous accueillons : des gens qui croient
chanter faux, "personne ne chante faux irrémédiablement" , des exclus
des conservatoires, des gens qui souffrent vocalement, émotionnellement, des
enseignants, des mères de famille des parents qui souhaitent chanter à leurs
enfants et aussi des amoureux du chant, des passionnés de chansons.
Cette intuition que
j’ai eu Il y a 36 ans, nous la vérifions aujourd’hui encore, le bouche à
oreille a conduit des centaines, environ 8000 personnes à partager avec nous ce
rêve, ces émotions. A CORPS VOIX nous l’avons créée et développée Pour la chanson, afin que
ces amateurs puissent découvrir leur VOIX, découvrir que nous sommes tous
musiciens, que notre Corps est notre premier instrument de musique. Que tous
nous pouvons gérer et exprimer nos émotions, tous nous pouvons aimer des
chansons que nous ne connaissons pas, les découvrir en les chantant, découvrir
des auteurs compositeurs inconnus de nous. Nous voulions créer une sorte
d’école du spectateur.
Ces activités nous ont amené à rencontrer l’ÉQUIPE
DU FORUM LÉO
FERRÉ
qui a accepté que
nous organisions un premier stage chez elle. Je me souviens que Christian et
Marie Hélène sont restés les 2 premiers jours avec nous. Dès le 1er
Dimanche soir nous avons fixé les dates des mois suivants. Ce partenariat a durée
10 ans. Le public des stages découvrait le lieu, les artistes qui s’y
produisaient. Nous mêmes y avons créé des évènements… Je me souviens de ce
Dimanche après-midi ou 29 personnes venant de tous les coins de France ont
chanté une chanson d’Anne Sylvestre dans une salle bourrée et en Présence d’Anne.
Une collaboration de
10 années avec DI DOU DA à Arras, a permis la création d’ateliers amateurs, de
cabarets découvertes, du festival "Faites de la Chanson" qui en est à
sa douzième édition. Nous avons même rencontré des sourds et des malentendants qui voulaient chanter.
Isabelle Aichhorn
avec des musiciens et des comédiens de l'équipe, a développé des activités chant, musique, théâtre, lecture,
au Service des soins Palliatifs de l’Hôpital de Troyes. (Pourquoi arrêter la
vie avant qu’elle ne s’arrête d’elle même ?) Elle développe des stages
plus spécifiques pour ce que l’on appelle le développement personnel.
Tous ces exemples
c'est pour souligner que La chanson n’est pas qu’un produit enregistré en MP4
ou sur un CD. Que l’on écoute en concert, Mais ça vous le savez, C’est un art vivant, c’est
un art au service de l’humain. Cette face là qui existe et que les médias
ignorent.
Grâce aux amateurs
et à l’équipe qui nous accompagnent dans cette aventure j’ai appris davantage
mon artisanat, mon métier d’interprète,
Les amateurs m’ont
fait aimer des chansons que je n’aimais pas, que je déconsidérais, et pourtant
une petite chanson de « Merde » dans la bouche de cette femme là, de cet Homme là devient souvent un
Monument qui me bouleverse. Je pourrais citer : cette Dame de Auchy les
mines qui nous chanta « les Corons » avec beaucoup de vérité et de cœur et qui à
la fin de son interprétation s’adressant à Laurent Aichhorn qui l’accompagnait
au piano lui dit (ben oui parce que mon Homme il est resté dedans). Je revois aussi Cette jeune femme qui m’a confié dans une longue lettre que les Chansons de
Anne Sylvestre l’ont sauvé du suicide C’est aussi cette maman qui écoutait et
chantait Bosco de Tachan pour se donner
du courage avant d'aller voir, si son enfant opéré du cœur, était toujours
vivant' Ce qui a fait dire à Jean Paul Roseau le compositeur de la chanson
"Je ne pensais pas que la chanson était aussi importante pour les
gens".
Isabelle Aichhorn,
les comédiens, chanteurs, musiciens qui accompagnent régulièrement les malades
et les soignants de l’hôpital de Troyes pourront vous dire, que sur leur lit de
souffrances, les choix des malades ne vont pas forcément vers des chansons littéraires.
Que Mexico Mexiiiiico, Une chanson douce, ou encore la Vie en Rose les aident à
lutter, les soulagent un peu.
La chanson est trop
importante pour la laisser exclusivement entre les mains des professionnels.
D’une chanson
souvent nous ne retenons que la mélodie, quand elle existe, et parfois une petite
phrase :
Presque chaque soir
avant de m’endormir je me récite "Une
Sorcière comme les autres, ou Après le Théâtre." (Anne Sylvestre)
D’autres phrases
surgissent au cours de mes journées et souvent fort à propos
« j'me fou des
colloques des séminaires, J’fais mes
confitures moi-même, je t’aime » (je
t'aime... M Bernard)
« En la plus
petite flaque, Il y a l’espérance d’un lac. » (Anne Sylvestre)
« A quoi ça tient de naître noir ou blanc ou brun ou
d’être gay » (Romain Didier)
« Est ce qu’on fait des vers avec l’actualité immédiate ? Poète est ce ton rôle de faire des vers
pour le feu qui nait? (Jacques Bertin)
"Je
chante pour oublier que mon chemin ne va pas plus loin que ma main
Je
chante pour ne pas courir, je chante pour ne pas mourir." (Gilles
Vigneault)
LES CHANSONS, sont musiques et paroles qui s’envolent
à la rencontre d’autres musiques, d’autres langues, d’autres cultures, D’AUTRES HUMAINS."
C’est pour cela que j’aime tant les chansons
et ceux qui les écrivent
Enfin, Je voudrais remercier mes pairs, qui me
remettent ce prix Jacques Douai,remercier les artistes qui nous ont fait
confiance et ont contribué de faire de ma vie Une belle Vie Ils ont participé à
des moments de notre Aventure A Corps Voix : ANNE SYLVESTRE, MICHÈLE BERNARD, VÉRONIQUE PESTEL, ÉLISABETH VELTY
LAURENT AICHHORN,
AUGUSTIN BÉCARD, DENIS D’ARCANGELO, NATHALIE FORTIN, RÉMO GARY, JEAN GUIDONI, BERNARD JOYET, MARTIN LERAY,
SÉBASTIEN MESNIL, DAMIEN
NISON,
JEAN
PAUL ROSEAU, LAURENT VIEL, JUNE Mc Grane
"C'est en gare de l'Ecluse à deux pas
de la Seine...", que j'ai rencontré Romain Didier, MERCI AUSSI À TOI ROMAIN mon ami,mon frangin, le premier
compositeur à avoir accepter de mettre en musique des textes De mon compagnon
de route, mon mari Laurent Sillano. Je tiens à Dire enfin mon affection et mon
admiration à Isabelle
ma fille, à France sa Maman
pour poursuivre avec courage, talent et
créativité ce beau voyage dans la chanson. A mon fils
de partager avec moi sa grande culture musicale qui me permet de rester en contact avec
l'actualité.
Quant à vous les AUTEURS, s’il
vous plait
« Habillez-nous de tous vos mots d’amour »
Ils parlent de nous et ils nous protègent si
bien.
Chansons : Adélaïde – Nous mourrons riches.
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