Cessez le feu du 19 mars 62






 

19 MARS 1902-2022

60 ans !


Le drame algérien s’éloigne dans le temps et reste à vif dans les mémoires et les cœurs.

On nous dit souvent « devoir de mémoire », mais la mémoire, qu’il est salutaire de transmettre, c’est aussi un travail, une recherche courageuse et sans tabou de la vérité ou des vérités, celle de tous sans exception. L’écho affaibli des passions qui meurent avec le temps permet désormais des études sereines et contradictoires qui lèvent les voiles des réalités cachées. La vie réclame ces nécessaires lumières pour aller de l’avant, c’est-à-dire vers un « aimons-nous, enfin » d’un bord à l’autre de la mer commune aux mille drames.

Si les mémoires restent à vif, douloureuses, c’est que tout n’a pas été dit, tout n’a pas été expliqué et compris.

Le vécu personnel de beaucoup de protagonistes, la charge émotive forte entrave une vision plus distante, plus historique et plus scientifique. Un nouvel âge peut s’ouvrir entre les deux rives par un récit collectif illustrant la complexité de l’histoire avec ses bonnes surprises et ses mauvaises.

Le 19 mars 62 marque la fin de l’empire colonial français (seul le Portugal en Europe continuera à mener une guerre perdue d’avance).

L’aventure coloniale algérienne a débuté en 1830. La conquête fut atroce et difficile et jamais finie,. Ce n’est qu’en 1847, 17 ans de résistances, que l’émir Abd el Kader a été vaincu. Ce général, ce philosophe, ce poète rêvait d’un royaume au côté de la France. L’intranquillité dura toujours. L’insurrection de la Kabylie en 1870 fut férocement réprimée par les mêmes généraux qui exécutèrent la « Commune de Paris ». Les demandes de liberté, de développement, de citoyenneté formulées en particulier par Messali Hadj, un sage, ne furent pas entendues. L’Algérie devint une colonie de peuplement où à coups d’exilés alsaciens, lorrains, d’indésirables politiques européens et de naturalisations à tout va d’Espagnols, d’Italiens. Les Européens sont en proportion de 1 pour 10 avec les indigènes, pour l’essentiel miséreux, expropriés, ignorants mais frères en religion.

 Les beaux discours de Jules Ferry en 1885 promettant de porter la civilisation des droits de l’homme au Tonkin, à Madagascar, au Sénégal ont été lettres hypocrites comme le dénonçait Clémenceau qui avait vu clair. En 1945, la reconnaissance de la nation pour l’aide apportée à la Libération de la France, par les tabors, les spahis et tirailleurs fut la répression dans les Aurès. Plus de 30.000 morts avec une excitation morbide des gros colons spoliateurs du foncier.

1956 fut le passage à l’insurrection armée par les « frères de la Toussaint » balayant les voies négociées de Ferhat Abbas et Messali Hadj.

 30 000 soldats français sur 2 millions de soldats appelés périrent. 800 à 1 million d’indigènes parmi les plus capables sur 10 millions d’habitants devinrent « chahids » (martyrs).
Attentats, opérations parfois au napalm, torture généralisée, répressions… le calvaire dura 7 ans, qui ne s’appelait pas guerre mais « maintien de l’ordre » ou « pacification ».

Dans cette confrontation, la France se pourrissait. Avec l’O.A.S.,sa politique de terre brûlée ,son fascisme menaçant, son racisme aux vocables affreux : « crouilles, melons, bouniouls, bicots,ratons » noircissaient les âmes…

 En reconnaissant le droit à l’indépendance, le 19 mars a fini le cauchemar colonial, enfin, après 132 ans de présence. Le courage de nos jours est de chercher les vérités ,de les dire , pour retrouver l'amitié d'un peuple fier , ombrageux avec qui échanger ,en égaux.

 

 

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