L'affiche rouge


Affiche de propagande nazie, visant à faire passer tout étranger, comme le RN aujourd'hui pour un terroriste... 


d'un poète à l'autre... Ainsi à partir de la dernière lettre du poète Armenien Missak Manouchian, résistant, à sa femme Mélinée, les mots d'Aragon bâtissent un monument à la gloire des étrangers morts pour la France et pour une société de justice. 
 
Vous n'avez réclamé la gloire, ni les larmesNi l'orgue, ni la prière aux agonisants11 ans déjà, que cela passe vite 11 ansVous vous étiez servis simplement de vos armesLa mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villesNoirs de barbe et de nuit hirsutes menaçantsL'affiche qui semblait une tache de sangParce qu'à prononcer vos noms sont difficilesY cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférenceLes gens allaient sans yeux pour vous le jour durantMais à l'heure du couvre-feu des doigts errantsAvaient écrit sous vos photos "morts pour la France"Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givreÀ la fin février pour vos derniers momentsEt c'est alors que l'un de vous dit calmement"Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre""Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand"
Adieu la peine et le plaisir, adieu les rosesAdieu la vie, adieu la lumière et le ventMarie-toi, sois heureuse et pense à moi souventToi qui vas demeurer dans la beauté des chosesQuand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la collineQue la nature est belle et que le cœur me fendLa justice viendra sur nos pas triomphantsMa Mélinée, ô mon amour, mon orphelineEt je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient 20 et 3 quand les fusils fleurirent20 et 3 qui donnaient leurs cœurs avant le temps20 et 3 étrangers et nos frères pourtant20 et 3 amoureux de vivre à en mourir20 et 3 qui criaient la France en s'abattant


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